Une journée particulière enregistrée graphiquement

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Au commencement

Avant de commencer un enregistrement graphique ou « scribing », il y a toujours cette petite angoisse de la page blanche, qui se mélange à ce sentiment de joie à l’idée qu’à la fin de la journée j’aurai achevé une grande fresque restitutoire de tout ce que j’ai pu voir ou entendre durant la journée.

Pourtant, lorsque je me lève le matin pour une intervention, je suis concentrée sur mon sujet que j’ai déjà étudié sous toutes ses coutures : autant que possible, je sais quels sujets y seront abordés, les intervenants présents, la géographie des lieux, le tempo, l’emplacement choisi pour l’installation de mes planches, et quelles seront mes allées et venues pour écouter ici et là.

Ainsi, ce qui ressemble à de l’improvisation ne l’est plus tellement.

Être bien préparée, c’est aussi le secret de la réussite.

Être bien reposée, c’est tout aussi important.

Ainsi, s’il faut être présent quelque part en province, je me rends sur place la veille. J’aime à être sereine le jour J, et surtout ne pas risquer d’être coincée dans une grève ou dans les embouteillages.

Tout le matériel est prêt, les cartons, les chevalets, le scotch double face s’il s’agit de se fixer au mur.

Une bouteille d’eau (réutilisable bien sûr) dans le sac, un fruit ou un carreau de chocolat pour la pause grignotage ou le coup de mou.

Une présence largement avant l’heure laisse le temps pour l’écriture du titre. Tout ce qui peut être fait en amont est bienvenu. Cela permet de réfléchir sur la mise en page future. Un portrait éventuel des locuteurs invités est aussi bienvenu. En cela, le smartphone est d’une grande aide qui permet de consulter les photos de la plupart des intervenants.

Collecter les infos

Lors de mes dernières interventions, j’ai eu à régler ce problème : comment retranscrire ce qui se passe sur plusieurs tables rondes à la fois ? Me voici dans un forum de rencontres, un festival d’entrepreneurs et de start-up. À moi seule, je dois restituer ce qui se dit, succinctement bien sûr, telle une image d’hélicoptère qui embrasse un paysage et en présente la cartographie : là des champs à perte de vue, des rivières et des montagnes, un relief avec sa tour ou son moulin… Que disposer sur ma cartographie ? Comment restituer ces architectures sur fond de paysage ?

Je prends mon cahier sous le bras, et je me déplace de table ronde en table ronde. J’ai déjà expérimenté plusieurs fois cette technique. Ma foi, je n’ai pas le choix. Il faut bien retranscrire quelque chose de ces échanges sur mes cartons blancs. Ainsi, tout en me promenant entre les tables, j’attrape au vol des mots, des phrases clés, des idées fortes et représentatives. Je fuis les anecdotes trop précises et détaillées, sur lesquelles je n’ai pas le temps de m’attarder. À force d’habitude, cela s’impose comme une évidence. Il faut savoir quitter la place au bon moment, abandonner des conversations sur des cas particuliers, pouvoir attraper une image clé, un renseignement explicite, une ligne de travail. Je fuis aussitôt tout ce qui n’est pas audible, comme les commentaires trop bas ou mal articulés. Le temps est précieux, et il faut garder l’objectif en tête : écouter, collecter, comprendre, synthétiser.

À vision collaborative, travail collectif.

Quand le public et les intervenants changent de salle, de groupe, de table, il est alors temps pour moi de reporter et illustrer sur mes grands cartons blancs mes notes à demi dessinées.

Une fois qu’elles ont pris place sur mes cartons, et que le blanc s’amenuise et se fraye un passage entre les écrits, comme une rivière qui coule entre des îlots d’idées et de remarques, je m’éloigne pour juger de l’effet du tout. Il manque quelques mots bien choisis, ici et là. C’est alors qu’il faut puiser auprès des autres pour alimenter ces vides : par exemple, en faisant contribuer à la construction de la fresque le public présent.

Il peut être judicieux d’installer un arbre à idées non loin de la fresque. Ainsi, chacun déposera des mots clés qui pourront servir à l’alimenter. Lors de ma dernière intervention, même si l’arbre à idées ressemblait plutôt à un arbre en hiver avec ses branches aux feuilles éparses, j’ai pu collecter tout de même sur cet arbre quelques mots pertinents pour illustrer les objectifs partagés par tous.

J’aime également faire, au centre de la fresque, un dessin qui illustre la cohésion de l’équipe ou du public, comme un symbole commun à tous : une table avec des interlocuteurs autour, ou un groupe apportant chacun une pièce au puzzle...

Voilà cette présentation achevée retraçant une journée particulière et ses idées clés ; elle n’a plus qu’à être numérisée et partagée sur les réseaux sociaux.