La facilitation graphique ou le dialogue restauré d’une vision collective

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La fresque visuelle : un témoignage

J’ai vu au début du mois l’exposition « Café Little Boy » de Jean-Luc Vilmouth au Centre Pompidou Metz.

Une salle recouverte de grands, très grands tableaux verts, ardoises sur lesquelles chacun peut dessiner, écrire et témoigner à l’aide de craies de couleur.

Des photos d’Hiroshima, des messages des survivants, l’heure de l’explosion de la bombe…

L’histoire de l’école Fukoromachi, dont un seul mur resté debout après l’explosion de la bombe « Little Boy », celui qui supportait le tableau vert d’une classe. Les habitants l’ont utilisé pour y laisser des messages.

Des murs de partage, où les écrits s’effacent et sont à nouveaux recouverts, où les dessins se superposent.

Le public visiteur devient acteur, et s’engage dans le partage et l’échange, la production d’une mémoire.

Un jeune homme a pris un tabouret, qu’il a posé sur une table, de manière à atteindre le plus haut du tableau. Là-haut, tout en haut, il a écrit son nom et celui de son amie, à 3m du sol, si haut que personne n’ira l’effacer. Juste à temps avant le sifflet du gardien : interdiction de superposer le mobilier pour monter dessus et atteindre les hautes sphères (pour des questions de sécurité).

N’importe, il y est arrivé.

Quant à moi, j’ai écrit et dessiné à ma hauteur, en tendant légèrement la main vers le haut.

Ces tableaux verts sont exactement ceux que l’on trouve à l’école, mais si vastes, avec la possibilité d’y écrire et dessiner en toute liberté.


Garder le souvenir des échanges

Dessiner sur les murs, écrire nos pensées, afin qu’elles soient vues de tous, partagées.

L’idée de Jean-Luc Vilmouth ici est d’augmenter la perception du réel, restaurer un dialogue.

Si je parle de cette exposition, c’est que son concept est en lien avec le travail de facilitateur graphique.

Dialoguer, échanger, communiquer, c’est le propre de la facilitation graphique, avec pour résultat le souvenir d’un événement sous la forme d’une synthèse visuelle.

On retrouve à la fin un dessin surdimensionné, une œuvre collective tissée d’impressions, de réflexions, une mémoire en mouvement.

Si celui de Jean-Luc Vilmouth est perpétuellement effacé pour être recouvert, nos fresques visuelles en temps réel seront immuables au terme de l’événement.

Si les dessins du « Café Little Boy » sont parfois dénués de sens, (bien que l’artiste souhaite que le public exprime des idées à travers ces dessins et ces mots) ceux de la fresque visuelle ne sont jamais gratuits.

Ces captures d’images accompagnent les mots et leur trouvent une traduction sous forme de symboles ou d’illustrations.

Elles seront un outil de travail, un témoignage des conversations et des réflexions, un support pour poursuivre des discussions dans le futur.

Tout comme Jean-Luc Vilmouth qui recherche la dimension sociale et sociétale dans ses œuvres, le facilitateur graphique initie des formes nouvelles pour créer des liens, confronte les idées en les mettant les unes à côté des autres, ouvre de nouvelles voies d’échanges, utilise le visuel pour mieux communiquer et stimuler l’intérêt du public.

Le public contemple, intervient, agit, par la main du facilitateur graphique en lieu et place du professeur des écoles, devant le tableau, blanc cette fois.