Pourquoi faire appel à la synthèse visuelle pour un événement ?
Dans le cas de la synthèse visuelle, l’image n’existe que par le discours qui l’a accompagnée. Elle incarne un événement récent qu’elle permet de faire vivre dans le temps.
Voir les interventions des acteurs sous forme d’écrits et de dessins participe à un engagement de tous à travers une vision commune.
La pensée visuelle ajoute une proximité entre les acteurs. Le texte ou l’oralité ne suffit pas. Il faut aussi à un événement donné des images, une traduction, une interprétation.
Facilitation graphique : une belle image ?
« Le beau est aussi utile que l’utile » a dit Victor Hugo (Les Misérables). Je ne sais si les synthèses visuelles sont belles. Les facilitateurs graphiques s’en défendent, et optent pour l’utile plus que pour l’esthétique. Je leur trouve cependant des attraits graphiques sinon artistiques, quel que soit le niveau de dessin de l’auteur.
Car les facilitateurs graphiques, mettent leur sensibilité dans cette fresque. Ainsi, ils provoquent souvent émotions et sentiments chez leur public, même si ce n’est pas la finalité recherchée. Mais « l’esthétique ne cherche pas à déterminer les règles auxquelles doivent se conformer les artistes, elle étudie les différentes façons dont le beau se révèle à nous, les différentes formes par lesquelles il s’exprime ».
Pour être belle, une fresque synthétique n’a pas besoin d’être produite par l’imagination, il suffit qu’elle rapporte des choses du quotidien, du concret, et qu’elle produise un sentiment agréable et plaisant chez le public. J’ai pu remarquer que ce sentiment, bien que subjectif, est toujours présent : le public aime s'approcher du facilitateur pour voir les images produites lors du temps de pause, la fresque sera affichée dans un salon d’accueil de l'entreprise, exposée dans un bureau, ou donnée sous forme numérique aux parties prenantes comme cadeau de remerciement.
Si les facilitateurs graphiques usent d’un processus et d’un vocabulaire homogène et convenu, les particularités de chacun sont visibles et participent à l'enrichissement du domaine de la synthèse visuelle.
La facilitation visuelle, une « notion de performance »
Certes il y a une méthode, mais pas de fresque synthétique type. L’enregistrement graphique reste cependant une performance, par essence plus utile qu’esthétique, mais une performance tout de même. « Elle est une carte, une écriture qui se déchiffre dans l’immédiat, dans le présent, dans la situation présente, une confrontation avec le spectateur » (Chantal Pontbriand).
Elle est un nouvel outil de communication, une pratique qui se développe et évolue. Le processus de réalisation est plus important que l’objet lui-même. La place de l’art y est insignifiante.
« La performance se construit en réalisant une idée par un geste. Elle a historiquement toujours eu pour but de mettre en scène une forme d’expérimentation, d’ouvrir de nouveaux champs de recherche et d’engagement, de transgresser la norme, de questionner la production artistique et d’engager le spectateur dans le processus ». C'est exactement le but de la capture visuelle: engager le spectateur qui est aussi un acteur du processus: somme toute, un spect'acteur.
En résumé: la facilitation graphique, capture d'images et de pensée visuelle en direct, est un acte d'engagement qui questionne l'entreprise, la société, le quotidien, et toutes les parties prenantes des organisations impliquées. Tous se retrouvent dans un but commun de travail, de partage, et de vision collective.
La capture d’images en direct, appelée aussi Scribing (du latin Scribere : écrire) est une performance qui a pour but la production d’un objet reflétant une vision commune à travers un processus d’écoute de choses issues de la société ou de la vie de l’entreprise.
La capture visuelle est comme un paysage, et, tel le jardinier, sa fin reste le choix du facilitateur graphique. Elle peut trouver son harmonie dans le respect de la charte graphique de l’entreprise, ou dans la symbolique visée par le sujet du jour.
Sur chaque synthèse visuelle la pensée est décrite, comme sur la marge d’un livre ouvert : quelques mots, quelques croquis suffisent à refléter ou à rapporter les échanges d’une intelligence collective.