Pratiquer le sketchnote en vacances, ou comment se reposer en restant créatif

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Pratiquer le sketchnote cet été, ou comment se reposer en restant créatif

Le sketchnote, c’est une trace de ce que vous voyez, entendez, ressentez. C’est un outil formidable pour parler d’un thème qui vous tient à cœur ou un épisode de votre journée. Il se situe entre la rédaction et le dessin ; il lui faut les deux, dans un bon équilibre. Il n’est pas exigeant, il ne demande pas à être beau, mais vous essaierez peu à peu de le rendre attractif, pour vous et pour les autres.

Une gymnastique cérébrale

Comme toute activité artistique, il fait travailler votre cerveau, ici, les deux hémisphères, celui de l’écrit et celui des images. Sortir de sa zone de confort est un excellent exercice pour la gymnastique cérébrale. L’avantage, c’est que ce sport neuronal peut être pratiqué au fond du transat, à une terrasse de café, au camping et où que-ce-soit tant que vous disposez du petit matériel requis.

Un crayon et du papier

Le croquisnote (francisation québécoise du mot sketchnote) aura une place de choix dans l’album souvenirs ; les vacances, c’est le meilleur moment pour s’entraîner à croquisnoter : glissez dans la valise au côté de votre roman de l’été un ou deux carnets de notes (sans lignes… Inutile de chercher chez Hema, ils ont tous des lignes, j’ai déjà regardé), un stylo à pointe fine type roller (Pilot-pure Liquid ink ou Uniball, 0,5 ou 0,7 mm), un crayon (avec la gomme au bout c’est pratique), et éventuellement quelques crayons de couleur. Si le papier de votre carnet est trop fin, l'encre transpercera au travers. En ce cas, je colle la page qui suit.

Le chic du chic des carnets s’appelle Moleskine, son papier de qualité est épais, mais il est coûteux et risque de vous intimider. Pour laisser libre court à l’imagination, mieux vaut se sentir à l’aise et ne pas ajouter à l’angoisse de la page blanche l’appréhension d’un carnet que l’on aura peur d’abîmer. Je ne le conseillerai donc qu’au sketchnoteur aguerri. Pour ma part, j’aime dessiner dans toutes sortes de cahiers aux couvertures colorées et matiérées, glanées dans les boutiques, les brocantes et autres marchés. Certains font des collections de timbres, de chouettes ou de tortues, moi je collectionne les carnets de dessin.

Une fois le matériel acquis

Les sujets à dessiner ne manquent pas : inventaire de votre valise ou de votre trousse à pharmacie de voyage, scénettes à l’aéroport ou à la gare, description d’un site touristique, d’une particularité culturelle, d’un fait divers, d’un marché indigène, d’un repas qui sort de l’ordinaire, de convives originaux, d’une soirée festive, de costumes locaux, d’un apéritif mémorable, d’une journée à la plage, de découvertes entomologiques…

Tout cela peut être couché sur le papier avec de rapides dessins et un peu de texte. Consacrez à un thème une double page du carnet. Soignez votre trait, valorisez l’erreur, simplifiez le dessin, veillez à l’orthographe des mots, à la qualité de votre typographie manuscrite, glissez un peu d’humour et laissez place à votre créativité… Et méfiez-vous de la gomme qui est l’ennemie du mieux !

La gomme

La gomme sert à effacer. Là est le problème. Une fois que vous avez gommé, l’erreur n’est plus visible. Vous allez donc tracer à nouveau avec votre crayon un trait qui ne sera pas mieux que le précédent. Vous gommerez ce trait nouvellement dessiné, car insatisfait du résultat, et rebelote, le nouveau trait à venir ne sera pas celui attendu et ainsi de suite… La gomme s’adresse donc à un utilisateur averti qui l’utilisera avec parcimonie. Avant de gommer, regardez votre trait : peut-être est-il récupérable, pourriez-vous en tirer parti ? Dans le cas contraire, tracez au crayon par-dessus le trait erroné, de façon à corriger le tir. Repassez à l’encre quand vous êtes satisfait, gommez lorsque l’encre est bien sèche. Dans tous les cas, gommez le moins possible !

Icônes et pictogrammes

Les symboles résument un objet en une image simplifiée. En cela, ils sont avantageux pour la prise de notes dessinée. Voici quelques icônes sur le thème des fleurs dont vous pourrez vous inspirer pour agrémenter vos croquisnotes (pour ceux qui vont à la campagne), ou des icônes tropicales pour « coller » avec le thème du jour.

Bien sûr, vous pouvez inventer votre propre bibliothèque d’images ou de pictos, en les construisant avec des formes géométriques simples (carré, triangle, rectangle, trait, point), sans perspective aucune.

Il existe aussi des bibliothèques d’icônes (thenounproject, bikablo…).

Les émoticônes symbolisent une humeur, une émotion. Elles peuvent vous inspirer pour donner à un visage son expression.

Quel graphisme ?

Trouvez une typo originale pour le titre principal, (regardez autour de vous, les exemples ne manquent pas sur les affiches, les menus…), et une typo bâton plus ou moins « grasse » pour les sous-titres. C’est simple, il suffit d’épaissir la lettre plus ou moins.

Les pavés de texte sont écrits le plus lisiblement possibles, de préférence en caractères d’imprimerie, et parfois en cursive pour « casser le rythme ». Le but est de rendre votre texte très lisible.

Regardez les œuvres des artistes que vous rencontrerez, elles sont source inépuisable d’inspiration, autant pour le graphisme, le trait, l’emploi de la couleur, l’interprétation des personnages ou des objets, la mise en page.

Construisez-vous une bibliothèque d’images au hasard de vos pérégrinations.

Recopiez dans un « carnet de brouillon » un motif mémorable que vous avez vu. Il vous servira peut-être ultérieurement.

Interprétez et couchez sur le papier ce que vous voyez, mais n’abusez pas de la 4G pour chercher l’inspiration. L’idée est d’oublier le portable pour découvrir le monde autour de soi.

La mémoire visuelle et le cerveau

Il s’avère que notre mémoire tire avantage lorsque notre cerveau est surpris. Dans un article nommé « l’inattendu dope nos apprentissages » paru dans « La Recherche » (numéro Juillet-Août 2018), et selon le neuroscientifique Adrien Peyrache, « la mémoire des événements de la vie est traitée par l’hippocampe » ; pas d’hippocampe et vous aurez à peu près la mémoire du poisson rouge tournant dans son bocal.

L’étude de cette mémoire a mis en évidence « le locus cœruleus, aire du cerveau responsable de la mémoire flash » qui « renforce à distance l’activité des neurones de l’hippocampe autour (d’un) événement et des souvenirs associés ». Pour que cette mémoire soit décuplée, il faut un événement particulier et inattendu, un contexte qui sorte de l’ordinaire. « Les souvenirs d’événements proches dans le temps sont reliés les uns aux autres dans la mesure où ils partagent le même terreau biologique. À chaque nouvelle expérience, un ensemble de neurones est « alloué » par le cerveau pour former un nouveau souvenir. Lorsqu’un souvenir important se forme, il est associé à l’activation d’une assemblée de neurones dont la plupart seront également activés pour des souvenirs anodins qui le précèdent et le suivent ».

L’apprentissage est renforcé par le contexte et gagne à être associé à des expériences « surprenantes et fortes » : varier les médias, mélanger les genres, les supports…

C’est une piste que certains enseignants explorent déjà avec leurs élèves. Je vous suggère maintenant de l’appliquer à travers le sketchnote. Ce recueil de planches visuelles vous aidera à mémoriser les scènes de vos vacances, à associer des détails à un événement. Croquinoter vous aidera à fixer certains détails mêmes insignifiants, comme sur une photographie.

Plus tard, vous regarderez vos carnets de notes avec intérêt et amusement. Vous les montrerez à vos amis et ils feront des envieux. A votre tour, vous pourrez leur expliquer la technique du sketchnote, et eux aussi découvriront cette pratique qui deviendra vite un loisir. Car ces notes sont graphiques mais surtout ludiques. Vos sketchnotes évolueront dans le temps, vous aurez peut-être une période bleue, cubiste ou africaine, comme Picasso, ou quelque chose d’approchant (en toute modestie). La période bleue de Picasso était sa période dépressive (couleurs froides), donc je vous la souhaite plutôt bleue azur ou mer de Grèce.

Amusez-vous !

Dessiner ses rêves

Visualisez en le dessinant, le rêve de la nuit dernière dont vous souvenez peut-être. Interprétez-le, en noir et blanc ou en couleur, nommez les personnes présentes, retracez le décor, ébauchez l’histoire, et, pourquoi pas, inventez une fin.

Un pas vers la pensée visuelle

Ces notes croquées, sont une variante de ce que les anglo-saxons appellent le Visual Thinking, ou Graphic Recording. Organiser vos pensées pour mieux communiquer autour, clarifier les idées, partager un sujet ou résoudre un problème. Pour cela, il faut voir, regarder, filtrer les informations, les reporter sur le papier, les illustrer succinctement, car « une image vaut 1000 mots » (Confucius).

Ces notes croquées, vous pouvez les noter au brouillon, puis les retranscrire au propre ultérieurement, quand vous aurez un moment de tranquillité.

Ex-libris

Notez à l’intérieur de votre carnet un prénom et un numéro de téléphone (avec l’indicatif du pays), au cas où vous le perdriez (vraiment ce serait dommage d’égarer ce précieux témoignage des différents moments de vos vacances).

Cette vignette intérieure peut-elle même faire l’objet d’un sketchnote particulier. Pour vous inspirer, voici un choix étoffé d’ex-libris sur Pinterest.

Si vous parvenez à simplifier votre ex-libris (pas de traits trop fins, plutôt des aplats de noir), transformez-le en tampon en numérisant votre dessin (par simple photo). Si vous n’avez pas de fabricant de tampon par chez vous, vous en trouverez sur internet à qui vous pourrez envoyer votre image au format jpg. La pomme de terre est aussi une manière de réaliser son tampon soi-même, mais risque de mal vieillir ou de se faire becqueter par les poules.

L’avantage de fabriquer un tampon, c’est que lorsque vous aurez une grande quantité de carnets comme-un fan-que-vous-serez-bientôt-je-n’en-doute-pas, vous serez content de pouvoir imprimer votre « griffe » au tampon encreur.

Voici le site d’un tampographe fameux plein d’humour et non politiquement correct (le tampographe Sardon). Si vous avez un peu de budget, les tampons peuvent aussi bien sûr, agrémenter votre recueil. Je suis pour la variété des techniques, même dans le sketchnote.


Mes croquisnotes et après ?

Votre sketchnote est une réussite, ou pas… Photographiez votre page du jour et partagez-la sur Insta, twitter ou Facebook, sans retenue et sans complexe, ou bien conservez-la tel un journal intime.

Envoyez-la par mail à votre grand-mère, elle sera contente d’avoir de vos nouvelles en attendant votre carte-postale.

Ce recueil de sketchnotes sera votre fierté !