Portraitiser les locuteurs

#facilitation graphique , #portrait , #scribing , #graphicrecording

Je ne suis pas physionomiste, voilà mon malheur. Je ne reconnais à peu près personne dans la rue, et à peine sur un écran. Mes amis s’exclament parfois : « tu as vu c’est machin, mais si, c’est lui !!! ». Avec moi, chacun peut marcher dans la rue incognito. Parfois, il me semble que je connais ce visage, mais d’où ? Impossible d’y mettre un nom. C’est terrible ! Il doit me manquer quelques connections neuronales. Pour remédier à cela, j’ai décidé de m’attaquer à l’art du portrait, afin d’ancrer les traits d’un visage dans ma mémoire après les avoir encrés sur feuille blanche.

J’ai toujours trouvé que le portrait était un exercice très difficile. Difficile de faire ressemblant, d’exprimer le caractère d’un visage, de caricaturer, ou de dessiner deux yeux symétriques. Autrefois, pendant les cours de dessins, j’évitais soigneusement les visages, j’oubliais de faire les yeux, car ils n’étaient jamais comme je les voyais. Un visage raté ou inexpressif entraîne dans l’échec la silhouette toute entière et l’œuvre au final. J’ai dessiné des nus très réussis sans yeux et sans bouche, avec un vague trait pour marquer l’emplacement des yeux afin de laisser deviner l’orientation du visage.

Aujourd’hui, je n’imagine pas un visage sans expression. Un personnage sans regard est inexistant : un individu sans unicité, sans valeur, et au final, sans importance.

Sur mes fresques, je veux des hommes et des femmes. Des silhouettes, des personnages pour signifier un groupe, une foule anonyme, quelques autres exprimant une humeur, mais surtout le portrait des locuteurs de manière à donner de l’humanité à l’ensemble. On s’amuse à chercher un visage que l’on connaît. Il n’a pas la fidélité d’une photo et tant mieux. Chacun cherchera un petit air connu dans ce visage croqué rapidement. Sur le portrait je mets un nom pour qu’il n’y ait pas d’erreur. Je rehausse d’un peu de couleur, et éventuellement, je le place dans un médaillon de style rococo, Louis XV ou Napoléon III vaguement suggéré, histoire de le rendre un peu plus familier.